Trieste. Ville austro-hongroise, rattachée à l’empire de François-Joseph. Une des villes mythique de la Mitteleuropa, avec Vienne et Prague. Ville aux populations de slovènes, d’allemands, d’italiens. 1914. Sarajevo. L’irrédentisme italien triomphe. La ville est définitivement italienne. Gianfranco Sanguinetti, écrit en 2000, dans une postface au texte de Roberto Balzen sur Trieste, que « …De Hasck à Kafka, de Saba à Svevo, de Kubin à Kupka, de Musil à Kraus, d’Adolph Loos à Gočiar, de Bela Bartok à Gustave Malher, de Freud à Wittgenstein, de Schiele à Klimt, pour ne citer qu’eux, il ne fut, entre Trieste et Prague, un seul domaine dans l’art, la littérature, la musique, l’architecture, etc., qui n’ait été bouleversé et d’où ne se dégagent l’excellence. »
Ainsi, cette ville de l’empire, débouché économique et commercial sur la mer, est aussi une ville littéraire, même actuellement, séjour d’un roman de Claudio Magris, ville dont il dit qu’elle possède une « identité de frontière ». Marquée aussi par le passage de Joyce, rencontrant Svevo et liant une amitié humaine et littéraire, elle est la scène sur laquelle sont représentées les intrigues des trois romans de Svevo. Elle voit les déambulations des personnages, elle est le témoin de leurs histoires les plus intimes, du mouvement de leur conscience, de leurs désirs, elle est lumière et ombre.
Mais dans cette courte analyse, elle ne sera pas l’objet de notre étude. Cette analyse, s’appuyant sur les traductions françaises, essaiera de cerner les thèmes narratifs de Svevo, mettra en question ses conceptions de l’écriture romanesque, mises en abyme dans les romans eux-mêmes. Un lien avec la vie de l’auteur en fond, se dégageant de cette réalité effective, cherchant une narration dans un questionnement du réalisme et de l’imaginaire, ou du songe.
Ainsi, les trois romans d’Italo Svevo sont parcourus par des lignes communes évoluant au fil des publications, 1893, pour Une Vie, 1898, pour Senilità et plus tard, en 1923, pour La conscience de Zeno. De la fin du XIXe siècle, avec les influences proches des courants réaliste et naturaliste, (à travers le personnage de Marcariomet devant Alfonso un petit livre qu’il venait de lire: Louis Lambert, de Balzac, …Balzac que les naturalistes considéraient contre leur père,) courants littéraires français évoqués dans Une vie, surplombant la création avortée d’un roman à l’intérieur même du roman, à la dernière publication romanesque de Svevo, au titre évocateur, particulièrement marqué par le freudisme, courant psychanalytique qui commence à se diffuser à partir de Vienne, avec l’évolution de cette écriture introspective devenant le moteur aboutie de l’écriture du romancier.
Mais au coeur de ces trois romans, le deuxième, Senilità, se voit traversé par cette intensité de réflexions parfois complexes sur les actes et les pensées, les mouvements intérieurs, ceux d’Emilio Brentani, un des personnages, dans un combat entre rêve et réalité ou de Balli, le sculpteur, cherchant à saisir et à analyser le dessous des pensées de son ami. Nous sommes encore loin de l’écrit de Zeno, rédigé à la demande de son psychanalyste, procédé romanesque conduisant au roman, le construisant.
Cette écriture des mouvements de l’intime confère à ce deuxième roman, une marche de lecture lente, propre à permettre, à l’imagination du lecteur, de se couler dans l’atmosphère nocturne, rarement lumineuse, dans les deux sens du terme, de ce roman triestin. Étape seconde de l’écriture, qui pour être comprise dans ce qu’elle apporte de nouveau et contient de possible, sera confrontée aux deux autres romans.
L’histoire de Senilità, sur le plan des faits, pourrait se résumer ainsi: l’écrivain d’un seul roman tombe amoureux d’une femme légère. Ce n’est qu’à leur séparation que le terme de « putain » lui sera donné, pudiquement désigné par des points de suspension, parce que tu es une …L’homme qui vit cette amour, est plongé dans le rêve d’une femme pure, dans le déni de la réalité, dans une longue interrogation intérieure, marquée dans ses monologues, par son indécision, thème favori de Svevo et qui parcoure son oeuvre.
Trois personnages masculins, et l’on pourrait se demander s’ils ne sont le même, se transmuant d’un texte l’autre, évoluant progressivement, dans leur rapports avec les autres personnages, mais chacun plongé dans le rêve et l’inertie face à leur réalité.
Dans Une vie, Alfonso Nitti est un tout jeune homme arrivant de la campagne à Trieste, ayant la maladresse ou l’erreur de penser que son amour pour Annetta Maller, ce miracle effacerait enfin leur différence de condition. Svevo prête au personnage le sentiment aigu de sa condition socialement inférieure qu’il tente de compenser par l’étude austère, la tentative de s’élever dans la société, aidée par cette rencontre amoureuse, confrontant les actions de sa vie aux rêves de situations imaginaires.
Comme pour Emilio dans Senilità, Alfonso pense se retirer du monde pour entrer dans une existence contemplative (à) laquelle il pensait se consacrer…Il ne courait pas le danger de se retrouver un beau jour avec un amour dans le coeur, né de la vanité ou de la convoitise.
Sa fin, programmatique, est inscrite dès le début de roman, lors d’une discussion littéraire qui dévia sur le suicide d’un caissier …un homme qui vivait très modestement (et qui) n’avait eu d’autre tort que de fréquenter des gens trop riches pour lui. Mais son sentiment d’infériorité de classe l’enferme, et son indécision le fait alterner entre amour et haine, dans l’incapacité de prendre une résolution.
EmilioBrentani, écrivain d’un seul roman, un homme de plus de trente ans, (ce qui n’est pas sans rappeler quelques éléments biographiques de l’auteur…, mais l’on sortirait de la littérature bien que cela pose la question du lien entre la vie d’un écrivain et celle de ses personnages), rencontre une jeune femme très belle qu’il séduit. Emilio se perd dans le rêve, une habitude, parce qu’au cours de sa vie, il avait tout rêvé… Après quoi, satisfait du rêve, il avait constaté que rien autour de lui n’avait souffert de ses chimériques ravages… son délit ne faisait tort à personne ! Aujourd’hui au contraire, le rêve était devenu réalité, lui qui l’avait voulu, s’étonnait, incapable de reconnaître dans cette réalité le visage du rêve.
Autant dans le premier roman, le personnage tente de faire plier la réalité dans ses rêves, le personnage du second, Emilio, projette sur celle-ci ses rêves, ses désirs, ses émotions sur le personnage d’Angiolina. Il nie et refuse la réalité, mais s’en accommode en la regardant à travers son rêve. Et lorsque la mort imminente de sa soeur le jette dehors, dans le vent et le froid de la nuit, pour rompre avec sa maîtresse, il s’affronte enfin à lui-même dans une fin différente de celle qu’il avait rêvée. Comme pour Zeno, entre désir et impuissance de s’arrêter de fumer, Emilio est repris immédiatement par le songe (qui) le possédait à tel point qu’il n’aurait pas su dire quels détours finiraient par le reconduire à sa porte (celle de sa maitresse).
Le personnage d’Alfonso, dans Une vie, est pris dans les rets de sa vanité et du mépris dans lequel on le tenait, avec le sentiment que plus aucune voie ne serait ouverte pour revenir en arrière: il restait pauvre et abandonné dans la vie, alors qu’il aurait pu être riche et aimé. Tout cela peut-être par sa faute. Le suicide lui paraît être le moyen de retrouver l’affection d’Annetta, dans une idéalisation de cette amour disparue. Le narrateur le fait réfléchir sur les raisons possibles d’être contre le suicide, mais tous ces arguments le faisait sourire. Ce n’étaient pas des arguments mais des désirs: le désir de vivre. La disparition du corps sera l’anéantissement de son incapacité à vivre. Et là encore, dans ce geste ultime, c’était le renoncement auquel il avait rêvé. Pour lui, il y a superposition de la réalité avec l’imaginaire.Il en sera de même pour la soeur d’Emilio, Amélie, au moment de son agonie, où le songe se mêlait au réel.
Il y a toujours pour ces personnages principaux une impossibilité à s’échapper de leur enfermement, qu’il soit social, amoureux. La situation devenant difficile, ils fuient dans l’éloignement en pensée, dans un retrait de la situation dans laquelle ils sont plongés, pour une rupture ou un prétexte qui leur semble plus important, dans l’effacement de ce que les autres vivent comme le personnage de Zeno qui est absent de l’enterrement de son beau-frère. Mais surtout, ils fuient aussi dans l’absence d’émotions, dans une vie en solitaire. Sans émotion qui vienne perturber une vie atone, comme Emilio.
En effet, pour ce dernier, apprenant plus tard la fuite mélodramatique d’Angiolina, ce fut un déclic, le premier effet, qui le propulsa, au contraire de ce qu’il pensa immédiatement, la vie m’échappe, … en pleine vie, dans le plus vivace des ressentiments. Mais aussitôt, ce fut le songe qui l’emporta, il rêva d’amour et de vengeance comme après leur première rupture.
Le temps transforma sa perception puisqu’il admira cette époque de sa vie : la plus importante, la plus lumineuse. Il s’en enchanta. Il en vécut comme un vieillard du souvenir de sa jeunesse. Seul Zeno aura une fin différente, transformé par l’irruption de la guerre et surtout par la psychanalyse, bien que refusant, ironiquement, d’admettre que la cure modifia sa perception du monde et de lui-même. Pour lui, le temps reviendra alors en adéquation entre l’imagination introspective et la réalité vécue de l’immédiateté.
Ces personnages masculins sont dans une relation singulière avec la mort, et à ce moment si particulier, ils éprouvent le besoin de revenir à des événements émouvants de leur vie, en pensée ou par des actions, pour alléger l’inévitable confrontation avec la mort de l’autre, celle-ci signifiant en creux leur propre fin. Ils vont fuir l’insupportable. Alfonso fuit en rêve vers Anetta au moment de la mort de sa mère et Emilio sort pour rompre avec sa maîtresse. Il en est de même pour Zeno.L’impuissance des personnages à se confronter à la réalité crue de la vie, les plonge dans alors l’ambivalence.
Svevo, avec sa perception fine de la nature humaine, la traduit par cette écriture analytique descriptive des méandres de la pensée, prise en charge soit par le narrateur, soit par le personnage lui-même.
Mais si une perspective autobiographique introspective construisent ces trois personnages, la lecture de ces trois romans permet de dégager l’idée que chacun est la suite de l’autre. Alfonso Nitti, Emilio Brentani, et Zeno Cosini remplissent, à des degrés de plus en plus marqués cette interrogation-là. Tout d’abord, au niveau de l’écriture d’un roman, mise en abyme dans le roman lui-même, en plus de poser la question du roman, poursuit l’analyse de ce sentiment d’indécision, marqué par une ambivalence qui structure les personnages. Alfonso n’arrive pas à écrire un roman, mais Emilio en a déjà écrit un et se remet au second, celui-ci restant avorté, tandis que Zeno écrit une confession psychanalytique qui forme un roman.
D’autre part, Svevo insère cet état psychique d’ambivalence, d’indécision, dans les activités commerciales ou bancaires de la ville de Trieste.
C’est ainsi que l’on voit ce monde de la banque décrit et analysé en profondeur: une description de la multiplicité des personnages dans le premier roman, se rattachant de la sorte à de possibles romans balzaciens, comme le monde du négoce dans La conscience de Zeno, mais cette fois-ci, du point de vue des hommes de la bourgeoisie des affaires. Senilità n’aborde pas cette description, il n’y a que le mot bureau qui lie Emilio à son travail, ainsi que l’atelier du sculpteur Balli. Le monde du travail est effacé pour laisser toute la place à l’analyse des mouvements intérieurs, et dans le dernier roman, ce monde des affaires n’occupe pleinement qu’un chapitre.
La relation avec le féminin trouve être plus marqué dans Senelità parce qu’il occupe l’ensemble du roman. Cette incapacité, ces atermoiements à se détacher de cette femme, dont il a bien compris la nature et le commerce, puisqu’à chaque rencontre, Emilio lui donnait de l’argent, est la marque de l’impuissance des personnages masculins de Svevo. Ils tergiversent, prennent des décisions qu’ils ne peuvent tenir, suivent leur rêves ou leurs désirs de Pygmalion, et il faut, pour les deux premiers romans, des réalités fortes, l’abandon de l’être aimé ou sa perversité, la mort, pour accéder à une réaction. Et c’est à ce niveau que la modernité de La conscience de Zeno prend toute sa nouveauté, par l’intervention de la théorie freudienne, modifiant le temps du vécu, du souvenir et de l’enchaînement des faits par leur association. A la fin du roman, le personnage reconnait être sorti de son incapacité à décider.
Ainsi se conjugue un regard sur des événements inévitables de la vie humaine et la réalité sociologique des personnages. Au début de son écriture romanesque, Svevo semble unir ces deux aspects, puis ils se dissocient, laissant le champ libre au regard analytique de l’introspection et de l’écriture.
Quant aux personnages féminins, ils fonctionnent différemment. Ils ne sont pas ou peu dans cette relation intime avec eux-mêmes. S’ils réfléchissent, ils restent plus près de l’action et ne paraissent pas souffrir des mêmes états d’âme. Dans Une vie, on passe de la jeune fille Annetta, riche héritière à Lucia, la fille de la logeuse d’Alfonso, puis à Francesca, maîtresse de Maller, le père. Alfonso fait face à ces trois femmes séduites, mais placés à trois niveaux de la société, et pour ce fait, les actes n’ont pas les mêmes résonances. Si les deux jeunes filles – se sont données – aux jeunes gens, Annetta sera trouver un mari digne de sa situation sociale. On sait peu de son amour pour Alfonso, et comme pour Lucia, plus crédule, elles s’affranchissent des conventions sociales, et laissent place à leur désir. Désir sexuel canalisé par le mariage.
Les stéréotypes de la jeune fille séduite, de la première possession assez violente, à une femme restant toujours dans son statut de maîtresse, ne pouvant s’élever au stade d’épouse, confère au roman ce caractère attachant certes, mais ironique sur le statut des maîtresses. Ces premiers personnages féminins sveviens paraissent encore représenter les archétypes romanesques de la fin du 19e siècle, marqués par les courants littéraires du temps, et par leur société.
Dans le second roman de Svevo, deux images se font face, la femme qui assume ses multiples amours et celle qui se réfugie dans le rêve d’un amour, la putain et la femme pure, Angiolina et Amélie, la soeur d’Emilio. Angiolina lui donne une vision de l’amour dégradé par le sexe, mais qui se transforme dans l’esprit d’Emilio en un grand et pur désir. Ce désir de possession s’appuie sur un bas compromis: se faire épouser par un autre galant pour se donner à Emilio. Il accomplira son désir, et elle se donna à lui, où plutôt, elle le prit. …Le mâle était satisfait, mais cette satisfaction était vraiment la seule qu’Emilio eût obtenue. Il avait possédé la femme qu’il détestait, non celle qu’il aimait. Cette dernière est celle qu’il rêve, celle qui lui apparaît comme un ange. La possession de la femme ne lui donnaient pas la vérité de l’être. Mais l’ange, passant des rencontres nocturnes à la lumière du jour, dans les rues de Trieste, devient paradoxal, lumineux et triomphant.
Il s’ensuit un portrait détaillé de son vêtement, de son visage, son costume blanc, aux lignes exagérées suivant la mode d’alors…était fait pour attirer les yeux et les séduire. … son visage… rehaussé dans sa lumière à la fois dorée et effrontément rose. La ligne des lèvres, rouge d’un sang vif, se détachaient sur des dents éclatantes, chacun de ses sourires heureux et doux qu’Angiolina jetait au vent et que les passants recueillaient avec joie. …il y avait dans son oeil une manière de salut à l’adresse de tous les hommes élégants qui passaient. Un mouvement se produisait dans la pupille et à tout instant la densité et l’intensité de la lumière qui émanait se modifiait. Cet oeil pétillait ! Ce qui plus tard, lorsqu’à nouveau il la voit dans la rue, s’offrir à tous les passants- c’est à dire leur lancer à tous l’invitation de son regard effronté, il prend conscience que par cette excitation…il était saisi à la gorge par le désir… Désir qui le fait balancer entre attraction et répulsion de cette relation jusqu’à prendre conscience de la nature d’Angiolina et à la décision de revenir à une vie calme, immobile. A la sénilité.
Et opposé à celui-ci, femme conquérante et victorieuse, sûre d’elle, dans une ingénuité perverse et menteuse, le portrait pur d’Amélie, celle qui rêve d’être aimée, qui aime Balli, trahie par les paroles de ses rêves, qui n’avait jamais était belle. Longue sèche, incolore- Balli disait qu’elle était née grise- elle ne possédait d’autres grâces que deux mains admirables pour leur blancheur…. Puis, à l’opposé radical d’Angiolina, en sortant dans la rue, avec Balli et son frère, elle semblait plus insignifiante que jamais, vêtue de noir, une petite plume blanche au chapeau.
Le frère comme la soeur sont tous les deux atteints d’un mal pareil, aimer dans l’impuissance d’être aimé et croire qu’on les aime, portés par leurs rêves. L’amour, s’il est à la fois pour Amélie, grand et pur désir, …le désir divin, est dégradé et avilie par le sexe pour une Angiolina, une source de méprise pour les personnages.
Plus de vingt ans plus tard, le troisième roman de Svevo propose une galerie de personnages féminins plus variée et plus complexe. Il reste toujours l’opposition entre l’épouse et la maitresse, (le titre d’un chapitre) entre celle qui excite le désir et celle qui est dans la lignée familiale, mère et compagne officielle. Zeno rencontre cette famille avec ses quatre jeunes filles différentes. Elles ont la possibilité de choisir celui qu’elles aiment, et Zeno en fera l’expérience. Pris par son rêve d’amour pour l’une, devant son refus et son choix, il en épousera une autre, moins belle, mais amoureuse du jeune homme. Marié, il rencontrera une autre, qui sera sa maîtresse, mais celle-ci n’est plus une putain et choisira un jeune homme qui l’épousera, sortant volontairement de cet état-là.
Le féminin aussi se développe en une autre figure, celle de la mère. Elle est présente dans les trois romans. La mort de la mère d’Alfonso Nitti plonge le jeune homme dans une générosité coupable et fatale, tandis que l’image maternelle auprès d’Annetta, Francesca est ambivalente, et siège de rancunes parce qu’elle prend la place de la mère morte.
Celle d’Angiolina profite de sa fille, pour avoir l’argent qui fasse vivre la famille, la soutenant dans ses mensonges, la petite soeur suivant la grande, et Emilio, en baisant l’enfant au front , resta stupéfait et se laissa couvrir le visage de baisers qui n’avaient rien d’enfantin. La mère ici, est une maquerelle. Mais cette image disparaît presque totalement dans La conscience de Zeno, pour s’affirmer dans l’image de la mère devenue cheffe de famille, tandis que la mère de Zeno est elle aussi, morte dans la jeunesse du personnage, comme pour le frère et la soeur, dans Sénélità. La figure de la mère prend de l’épaisseur, joue un rôle dans la famille et n’est plus celle qui fait de simple recommandations à son fils.
Là aussi, la maquerelle et la femme-mère de famille s’opposent, comme si Svevo aurait voulu envisager les différentes statuts de la femme, dans la famille et dans la société. Elles n’ont pas de réflexions psychologiques particulières, mais restent avisées, elles sont dans le factuel, dans l’épaisseur de la vie et de leurs intérêts.
Les femmes sont devenues plus libres dans leurs choix, même si les conventions sociales les cantonnent dans ce rôle de mère, de putain ou de maquerelle, et d’épouse. Le dernier roman confère à l’image de la femme un statut plus nuancé, plus large, dans une société plus bourgeoise, évoluant du rôle de la toute jeune fille bien éduquée à celle qui assume ses choix amoureux, pour devenir une mère attentive et une compagne se voulant éclairée auprès de son mari, même si celui-ci échoue. La maîtresse aussi devient presque sage et vertueuse, sortant de sa condition de maîtresse en se mariant.
Le profil romanesque des personnages suit la maturité de l’écrivain et l’évolution des courants de pensée qui marquent le début du siècle comme le freudisme. Le monde, comme la destinée de Trieste, ont changé entre 1898 et 1923. Le première guerre mondiale a commencé à donner une place aux femmes qu’elles n’avaient pas encore, et le littéraire porte la marque de ces changements. Leur statut est devenu plus souple, plus libéré.
Les personnages masculins qui eux aussi évoluent du jeune homme aux prises avec la société bureaucratique de la banque, avec ses emplois subalternes, ses échecs, aux dirigeants, dans cette bourgeoisie des affaires. La réussite est là. Mais ce sont surtout les personnages principaux qui portent cette introspection qui s’approfondit de roman en roman. C’est ce qui fait la densité des personnages, et l’évolution et la maturité du regard de Svevo.
Un aspect particulier marque le second roman triestin, dans cette relation homme-femme, et qui donne le titre au roman.
L’on a un personnage, double de Svevo, pourrait-on penser, un romancier, qui comme lui, vivait à ses débuts d’un modeste emploi dans une compagnie d’assurance, et dont l’oeuvre, limité à un seul livre, (mal accueilli par la critique pour Svevo, non pour le personnage-romancier !), lui rapportait … qu’un semblant de réputation de quoi satisfaire non pas une ambition certes, mais une vanité… une sorte de bon renom littéraire et figurait au bilan artistique de la ville. Manière ironique d’arranger la réalité… en un désir littéraire.
L’inertie de ce personnage devra se confronter à l’expérience de cette rencontre amoureuse, une séduction féminine qui le plongera dans une incapacité de choisir, dans une ambiguïté évidente entre une jeunesse de vie, donnée par cette amour rêvée, charnelle, et un refus de mobilité intérieure se traduisant dans le désir de retrouver la tranquillité d’avant la rencontre, une immobilité passive équivalent à une forme de mort.
La sénilité,Senilità en italien, terme qui garde ce même titre italien dans sa traduction française, devient un thème qui commence souterrainement, surgit dans l’écriture plutôt vers la fin du roman. Cette amour que porte Brentano à Angiolina, et sa possession physique, redonne vie au personnage. Il n’est pas le seul, même Balli, le sculpteur, la regarde avec les yeux de l’art et la désire pour lui servir de modèle. C’est en la rencontrant lors d’une promenade au bord de la mer, qu’elle surgit devant le deux hommes, et ajoute le narrateur que c’était la jeunesse même, incarnée et vêtue, qui se mouvait dans la lumière du soleil.
Les deux hommes sont fascinés par cette femme, l’un pour accomplir un chef d’oeuvre, qu’il perçut… dans tous ses détails, et l’autre pour accomplir une création imaginaire, celle d’une femme-ange, belle et surnaturelle, mais qui n’existe pas, faisant penser aux vers de Baudelaire, dans son poème intitulé La beauté:
Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre ….
…
Car j’ai pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles.
L’on peut alors revenir à la description des yeux d’Angelina, de leur pourvoir fascinant et séducteur sur tous les hommes, et le confronter à cet autre poème, L’hymne à la beauté:
…ton regard infernal et divin
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l’on peut pour cela te comparer au vin.
…
Tu marches sur les morts, Beauté, dont tu te moques;…
Angiolina envoute ce qui lui permet d’aller là où se trouve son intérêt, et d’agir à sa guise. Pour Emilio, elle lui apporte cette énergie de vie qu’il n’a pas, le sentiment de vivre intensément parce qu’il la rêve au-delà de sa réalité, parce qu’elle est – infernale et divine. Si sa possession lui enlève momentanément sa faculté de rêver, c’est un rêve d’une scène improbable qui lui redonne vie, parce que ce rêve devenant réalité eût été la vraie possession. Pour lui, le rêve est une faculté qui lui donne vie et jeunesse, qui courait dans ses veines, despotiques comme jamais, et annulait toutes les résolutions formées par un esprit sénile. En rompant au moment de la mort de sa soeur, il retourne à l’inertie de sa vie, il revenait au calme de jadis, où tout est mesuré, terne et ritualisé. La tranquillité est assurée et la jeunesse perdue. Ainsi ce terme de – sénilità- titre du roman, sénilité, en français, mot apparaissant au XIXe siècle, vient étonnamment de -sire- formé sur le génitif latin senis, et comporte de ce fait une marque de respect, de part son étymologie. Mais ici, ce sens est perdu pour faire place à celui de vieillesse, de régression et d’immobilité de la vie dont est atteint le personnage d’Emilio Brentano, sans avoir su saisir l’opportunité offerte. Bien que jeune encore, il est saisi par l’affaiblissement d’un vieillard peu loin de la mort. Et celle-ci est bien présente dans les trois romans de Svevo.
Il pose la question de ce qui propulse la vie, lui donne son énergie et apporte ce mouvement dynamique qui fait entrer de plein pied dans le réel. La décision de faire ce qui convient à soi, demande de changer, de se comprendre, d’abandonner une certaine part de soi, celle qui, dans ces deux premiers romans, tire vers l’immobilisme.
Une autre question surgit à la lecture de ces romans.Quelle place a l’art ? Comment modifie-t-il la vie ?
La question de l’écriture romanesque et de la portée de celle-ci, est posée à l’intérieur des romans mêmes, une interrogation du regard de Svevo sur son art. Comme on l’a souligné précédemment, il marque sa filiation avec les courants littéraires français de la seconde partie du XIXe siècle, dans une approche nouvelle, évoluant dans le temps, sous l’influence des autres romanciers de son époque comme Joyce, Montale ou des courants de pensée nouveaux, comme celui de Freud.
Effectivement, l’écriture de ces romans, au-delà des histoires narratives et des questionnements sur le mensonge, la jalousie, la confrontation entre rêve et réalité, le face à face avec la mort, inscrit, d’une manière à chaque fois différente, une mise en abyme de l’écriture elle-même, ce que cet art peut apporter à celui qui le pratique, art évoluant de 1893 à 1923.
Ce sont les personnages masculins qui sont les metteurs en scène de cette question. Cependant, dans son premier roman, c’est Annetta qui propose au jeune Alfonso d’écrire un roman, et des discussions surgissent dans ce petit salon littéraire qui tourne autour de la jeune fille. Le construction de l’intrigue romanesque proposée ne convient pas au jeune homme, car elle éprouvait des difficultés à progresser dans une intrigue qui tendait à l’absurde… et dans la petite tête d’Anetta, les idées commençaient à faire défaut pour aller de l’avant. Jugé par la jeune fille, sûre de ses positions littéraires, elle le traite de « gros bêta »… l’observant avec admiration, comme un original d’être étudié … mais non lu.
Cette tentative d’écrire pose une autre question, celle du choix entre des thèmes romanesques et un essai philosophique que doit faire l’écrivain. Elle continue à penser que si Alfonso disposait d’un grand nombre d’idées élevées, il était incapable de les assembler en un bon roman. Il était trop lourd et trop gris. Tôt ou tard, il se ferait un nom avec une oeuvre philosophique de valeur, mais les romans, non, c’était trop frivole pour lui. Ironie en miroir du narrateur-écrivain, ces deux personnages n’en faisant qu’un pour cette réflexion sur le roman. Le roman est-il moins influent qu’un essai philosophique? Sa portée moindre sur le lecteur et la société ?
Il est certain que dans celui-ci, au-delà de sa référence littéraire ou hommage à Une vie, de Guy de Maupassant, il multiplie les intrigues de nombreux personnages annexes sur trois lieux, ceux du travail, du salon et la chambre d’Anetta, dans les rues de Trieste et le village natal du personnage, entre l’intime et le social, entre la ville et la campagne. Des possibilités qui permettent d’exploiter une grande variété de personnages.
Et paradoxalement, le narrateur fait dire à Alfonso son désir d’expurger des situations destinée(s) à grossir le récit en roman.
Mais porte-parole de l’interrogation du narrateur, l’intrigue doit-elle être resserrée ou pas, Alfonso avait proposé de laisser de côté toute cette matière inutile, de ne conserver que les deux fiertés …peut-être en aurait-il résulté une analyse valable de la fierté. Mais cette proposition est moquée par Annetta, la considérant positivement comique . Et Alfonso, incapable de travailler à ce projet tel qu’il est conçu par la jeune fille, il y avait une fois un jeune homme; il vient de son village dans une ville et s’est fait d’étranges idées sur les moeurs citadines. Les trouvant différentes de ce qu’il avait rêvé, il tombe dans la mélancolie. Puis nous y mettrons un amour. Il vous est arrivé d’être amoureux ?….Nous raconterons sa vie…Naturellement ce ne sera pas un employé; nous en ferons un homme riche et noble, ou plutôt noble. Gardons la richesse pour la fin. Et enfin le rêve qui, un soir, transforme le projet: un jeune homme devenu pauvre vient chercher fortune en ville…persécuté par son patron et ses camarades…aimé par eux, parce qu’avec intelligence il épargne une grosse perte à la maison…il épouse la fille du patron.
Un romantisme tourné en dérision par le jeune homme qui rêve de cette situation mais que le roman lui-même contredire. Une sorte de mise en abyme de la situation vécue par les personnages dans l’écriture et le thème du roman. Une façon de moquer ironiquement du rêve des personnages, incapables d’être dans la réalité. Un grand thème svevien.
L’intrigue se resserre dans Senelità autour du point central d’Angelina, facteur d’attraction et de désagrégation des relations. Cela donne au narrateur la possibilité de développer les réflexions et les mouvements intérieurs de la conscience de seulement trois personnages, Emilio, Stephano et Amélie. Les intrigues secondaires sont quasiment inexistantes. La question du courant littéraire se fait plus précise par l’interrogation entre la vérité de la vie transcrite en littérature et l’imaginaire du romancier. Les références littéraire ou leurs influences s’éloignent pour aborder la question d’un point de vue plus théorique.
Emilio est l’écrivain d’un seul roman. Epuisé par l’exagération sentimentale, de part sa relation ambigüe et jalouse avec Angiolina, et parce qu’il se rappelait que son art l’avait déjà tiré une fois de son inertie: après la mort de son père, il se remet à écrire, avec un thème qui n’est pas sans rapport avec celui d’Une vie, et c’est ainsi qu’en une seule soirée, il écrivit le premier chapitre d’un roman. Renonçant à son ancienne méthode, il s’inspira de la réalité. Il raconta le début de son aventure, analysa ses propres sentiments. … ses violences et ses colères…un portrait d’Angiolina – dont la beauté paraissait dès l’abord gâtée par une âme basse et perverse…le magnifique paysage qui avait servi de décor…
… Le soir suivant , il se remit à écrire, relut le texte de la veille, et l’homme ne lui ressemblait en rien. Quant à la femme, elle conservait quelque chose de la femme-tigresse de son premier livre, seulement elle ne vivait pas. Cette réalité qu’il avait voulu reproduire était moins croyable que le songe qu’il avait réussi quelques années plus tôt à faire passer pour réel. Ne réussissant plus à écrire, il décide de renouer avec sa maîtresse pensant que l’ardeur qu’il ne trouvait plus en lui devait lui venir du dehors: il espérait vivre le roman qu’il était incapable d’écrire.
Cet exemple d’écriture d’un second roman par le personnage de l’écrivain est bien un échec. D’une part, il n’a pas l’énergie de recommencer, et d’autre part, cette forme d’écriture, la simple transcription de la réalité ne permet pas de construire une illusion romanesque précisément.
Mais issu de ces courants littéraires français, apparaît dans ces deux premiers romans, une analyse sociologique qui n’élude pas une forme de déterminisme dans la vie des personnages. La description évolutive des types sociaux contemporains, n’épargne pas les milieux populaires, donne ce reflet de la réalité contemporaine de l’écrivain. En passant d’un livre à l’autre, le squelette de ses personnages se transforme et s’éloigne des premières influences littéraires, une continuité sans l’être, comme le travail d’écrivain, dans cette mise en abyme de l’écriture romanesque à l’intérieur même du roman.
Svevo écrit aussi dans une intertextualité non-dite, mais avec une admiration pour les romanciers français qui ont eu une influence évidente. L’on peut lire celle de Flaubert, avec le personnage d’Amélie. Elle n’est pas une Mme Bovary, mais elle lit des oeuvres romanesques, quelques centaines de romans qui encombraient la vieille armoire…Ces lectures qui lui faisait entrevoir les aventures amoureuses décrites, deviennent, dans la passage vers sa réalité, une possible évidence, elle endosse leur imaginaire, et s’interrogeant sur elle-même, ..elle ne s’intéressait plus, lectrice passive, à un destin étranger. Son propre destin était en jeu. L’amour entrait en elle avec son cortège de soucis et de douleurs…L’identification romanesque a fonctionné et c’est ce qui est déconstruit.Mais aussi, dans Une vie, au-delà du rappel au roman français au même titre, se combine un signe de loin fait à celui de Stendhal, Le Rouge et le noir, par la rencontre entre Julien Sorel et Mathilde de la Mole. Le jeune homme veut s’élever socialement, comme Alfonso Nitti, il choisira le Noir, c’est à dire les ordres religieux. Ils se rencontreront dans la bibliothèque paternelle et dans la chambre de la jeune fille.
Ecrire avec ce qui fut déjà écrit est bien une réalité littéraire, pour continuer ou déconstruire.
Ainsi, il interroge le naturalisme dont un des aspects théoriques était une forme de reproduction de la réalité. L’écriture serait-elle la transcription de celle-ci, par cette description en exercice de la mécanique de la composition d’un roman? Se pose alors la question de l’imaginaire dans l’écriture : le roman serait-il le songe, le rêve éveillé du romancier ou le lieu du reflet de la réalité comme l’expliquait Stendhal, un miroir que l’on promène le long d’une route. Mais la capacité de l’imaginaire de l’écrivain, son style, l’anatomie des personnages les rendant réels plus que la réalité, et surtout, la composition narrative du roman interviennent dans sa réussite. C’est du moins aussi une interrogation de l’écrivain Svevo. Pour en arriver à l’écriture de La conscience de Zeno.
Effectivement, dans ce troisième et dernier roman, l’introspection des personnages est complètement différente. Svevo n’appréciait pas le fait que l’on dise que ce roman était un roman psychanalytique. Comme on l’a déjà expliqué, l’écriture de ces chapitres aux thèmes différents, mais liés dans leur progression, est destiné à un psychanalyste pour commencer une cure. Et dans ce pacte romanesque, venant ouvrir et clore, par le thème de la psychanalyse, les cinq chapitres, l’ensemble constitue le roman lui-même. La question de l’écriture du roman devient le questionnement de la réalité racontée, sortie de l’inconscient, devenue fiction qu’est cet écrit analytique, introduisant en littérature , comme une démonstration, la transformation de la réalité perçue dans la narration elle-même. Le dernier chapitre, Psychanalyse, change le temps de la narration, dans l’accord du temps narré et du temps vécu par le personnage, combinaison de ce qui est raconté et comment cela est raconté, ce qui est vécu et ressenti.
Ainsi, la qualité, la force d’introspection des personnages apparut dès le premier roman, s’épanouit ici, constituant la substance romanesque elle-même. L’intrigue prend alors une place secondaire mais soutenante. L’utilisation de la notion du temps définit la grand modernité de cette écriture. Le personnage-écrivain pose la question de à quoi sert l’art. Il explique que cela lui a permis de s’en sortir à la mort de son père, mais devant une autre difficulté, ici amoureuse entre la réalité et son rêve, l’art ne lui semble ni fécond, ni utile. Mais peut-on vivre le roman de sa vie ? Ce qu’il désire. Et là encore, c’est l’échec.
Plus que le contenu, c’est la force de la composition du livre qui marque la différence. Les romans de Svevo sont novateurs et le dernier le sera encore plus. Il interroge et d’une manière différente, au cours de ces textes, la nature humaine, son impossibilité, son impuissance à prendre une décision. Ce fil conducteur semble trouver une réponse dans le dernier roman.
Mais aussi, il porte un regard aigu sur son art qu’il interroge en portant le questionnement dans le roman lui-même, comme un élément narratif. Doit-on transcrire la réalité? Il démontre que cela est impossible, ce ne serait pas un roman. En introduisant, par un personnage romanesque, tel que Zeno Cosini, le processus des narrations associatives, il explique que la réalité se transforme lorsque l’on tente de la retranscrire, qu’elle n’est que le résultat de notre ressenti et de notre regard. Elle n’est ni la vérité , ni l’exact réalité. Cette matière forme son troisième roman, mail il dit aussi, que pour lui, l’écriture romanesque est du même ordre, ce qui en fait sa force et son attraction. Interrogation perpétuelle entre vérité et fiction.
Sur le plan proprement dit des courants littéraires, son interrogation sur le naturalisme se règle en trois romans pour évoluer vers une mise à l’épreuve de la matière littéraire avec ce nouveau courant de pensée. Le roman enfile le vêtement du discours psychanalytique et pose ainsi à la lumière des théories de Freud, la question de la mémoire dans une parole, qui, avec ses manques, ses recompositions crée une matière devenant, par l’écriture et la composition de l’écrivain Svevo, un roman moderne. Joyce ne manqua de soutenir son ami et de lui écrire:Je le dis avec beaucoup de plaisir. Pourquoi vous désespérez-vous? Vous devez savoir que c’est de loin votre meilleur livre. * Et Valéry Larbaud, de le lancer et le faire connaître en France.
Ghyslaine Schneider
Bibliographie
* Italo Svevo: Ulysse est né à Trieste. In, Introduction de Dino Nessumo.
Roberto Balzen, Trieste
Claudio Magris, Microcosmes; Classé sans suite; Loin d’où
Milo Dor, Mitteleuropa
Frank Venaille, Trieste
Angelo Ara et Claudio Magris, Trieste, une identité de frontière
http://lerivagelitteraire.fr/italo-svevo-la-conscience-de-zeno/