Le silence des exils [Extraits]

  LE SILENCE   DES   EXILS

 

                    

 

 Algérie, c’est le prénom de la mémoire

Grandir dans un pays dont on ne connaît pas la langue…

Hélène Cixous

 

 

 au-dessus des racines

l’exil est carcéral

 jalons de poussière

et nul regard pour le chemin ouvert

absence de vestiges pour nourrir le regret

 Malek Alloula, Villes et autres lieux

 

 

 

 

 

 

Avertissement : Le terme « arabe » employé ici, ne comporte dans l’esprit de l’auteur, aucune connotation péjorative ou raciste. Il traduit le langage d’une époque et sert le récit.

 

 

 

Écrire ?

 

Malima se mit à écrire pour essayer de comprendre. C’était proprement étonnant.

 

 

 

Comme lui, elle était partie, partie loin de son pays, loin de la ville où elle était née.
Comme pour lui, cette dernière est restée dans son cœur, dans son souvenir.
Comme pour lui, elle a pris les couleurs de la merveille perdue, devenue alors attirante, fascinante, envoûtante.
Comme pour lui, dans le silence ou si peu de paroles pour le dire.
Et, pas comme pour lui, pas dans les mêmes conditions, pas pour les mêmes raisons.

Dans une occasion inattendue de la vie, sans recherche, sans désir, le désir venu après, ce désir depuis longtemps abandonné, puis oublié.
Dans le retour.
Dans la confrontation avec l’émigration.
Dans la confrontation avec l’exil.

 

Comme poussé par une nécessité irrépressible, son père, lorsqu’il a compris que la fin de sa vie approchait, avait eu envie de retourner, une dernière fois, dans son pays. Il était très malade, et ce besoin si compréhensible de re-trouver sa terre de naissance, n’avait même pas effleuré sa fille, Malima, à cette époque-là. Elle ne comprenait pas cet ultime désir, qu’elle et sa mère avaient qualifié de fou, voyant toutes les contraintes matérielles dues à sa maladie, rien de plus, stupidement.

 

L’émigré, dans un retour au pays natal, centre d’un désir effréné en cette fin de vie.

Enfant d’émigré, dans un retour vers une autre terre natale, mais sans le poids de la mort imminente que son père ressentait alors dans sa chair et qu’elle refusait de toutes ses forces de voir.

Bien des années après.

Elle, elle était dans la plénitude de sa vie, à l’âge où une femme a accompli certaines choses, rassurantes pour elle-même, et au centre d’une reconnaissance dans les regards des autres, pleine de cette curiosité, au creux de la vie.

 

Ces similitudes de destin entre le père et sa fille. Dans l’émigration voulue ou contrainte. Pour toute la famille, d’ailleurs, mais avec de notables nuances. Changer de pays par la force des choses et le besoin de le revoir. Pourquoi ce besoin est-il si prégnant parfois? Pourquoi, la terre de la naissance est-elle si importante dans la vie d’un être ?

Elle n’avait, à ce stade de son questionnement, aucune réponse.

 

Son père, que de frontières n’avait-il passé, sans papiers déjà, ou avec un passeport qui ne lui donnait pas le droit d’être dans le pays traversé. Poursuivi par la police, courant, se cachant toute une nuit dans des marécages. Retourné dans son pays, peu après cette première fuite, pris, prisonnier dans la geôle du pays fui, se défendant seul face à un tribunal, sans avocat. Avocat pour lui-même gagnant sa propre cause. Puis fuite à nouveau pour venir dans ce pays si lointain, terre de tous les possibles. Sa famille encore vivante, dans son pays. Si jeune, si exilé, mais si plein d’espoir, dans une nouvelle terre. Allées et venues de la terre de naissance à la terre adoptée. De plusieurs langues à une seule langue. Les autres tues, gardées vivantes au centre de son être. Si aristocrate sur une photo, à peine deux ou trois ans plus tard. La nouvelle terre, choisie.

 

Son père était retourné avec ce désir intense et secret de revoir, de retrouver sa terre, et pas seulement pour la faire connaître à sa femme, à sa fille. Cependant ce n’était plus la terre de ses pères, ni celle de sa mère. L’Histoire, tragique, était passée par là. Les frontières avaient changé et le lieu de sa naissance n’était plus dans le grand empire austro-hongrois, mais appartenant à un autre pays qui n’avait rien de commun avec celui-ci. Et pour marquer cette absence de reconnaissance, de cette nouvelle appartenance de son lieu d’origine, de cette région, incluse dans ce pays qui, par la force des contraintes des guerres et des jeux des traités, frontières tracées sur du papier par des étrangers pour diviser ces pays, comme cela allait se faire si souvent après, était alors devenu le sien, et dont il avait eu la nationalité, la deuxième après celle de la naissance, il n’avait pas dit un mot de cette langue, bien que la connaissant parfaitement, et qui, de plus, n’était pas sa langue maternelle, la langue de sa mère.

 

Il traversa son village natal. Journée chaude de juillet, ciel bleu. Et sur les berges qui montaient un peu pour y accéder, des femmes, avec un fichu sur la tête, des robes un peu longues, d’autres poussant devant elles des landaus aux grosses roues. Si étrange de les voir ainsi, comme sorties d’un dix-neuvième siècle finissant et se trainant dans cette seconde partie du vingtième siècle, de l’autre côté de ce qu’on appelait alors le rideau de fer. Tous les trois ont ri dans les champs de maïs, à perte de vue et plus haut que des hommes. Alors tout parut se précipiter.

Il les entraîna dans le parcours de ce pays, comme il l’avait fui, des années auparavant, vite. Comme la nourriture qu’il n’avait alors presque pas goûtée. Il avait retrouvé dans la capitale de ce pays la maison anciennement habitée par la famille de son oncle. Lequel : celui de sa mère où de son père ?

Silence.

Un silence qui n’autorise pas les questions.

 

Il l’avait retrouvée, dans un bout de rue, laissée là par les démolitions et l’histoire, dans cette ville détruite par la dernière guerre et défigurée par les constructions quelques peu staliniennes d’immenses bâtiments. Quelles intuitions, quelles connaissances profondes pour lire à travers ce qui n’est plus, l’ancien visage perdu de cette capitale, la connaissance de ce que la mémoire sait avoir connu et aimé ? Depuis, les marques anciennes ont été définitivement effacées par la reconstruction mégalomaniaque d’un dictateur. Confirmation d’une intuition …disparition de toute sa famille.

 

…La guerre est passée par là…tous disparus, morts. Il n’y a plus personne. Nous avons pris la maison…Ils sont morts, tous morts, la guerre !
La guerre, ou la déportation, ou les camps.

Là, il avait parlé avec force la langue qu’il taisait.
Là, il a su définitivement.

Mais les origines étaient ailleurs, ailleurs que dans ce pays aux nouvelles frontières établies en 1917, elles apparurent, dans les mots de la langue du pays voisin, la Hongrie : ils fusèrent alors, mélodieux, captivants, irrépressibles. La langue de la mère.

Son père, sans sa propre mère, à jamais perdue, jamais connue, parce que morte à sa naissance, (et comment vivre avec ça ?), aspiré dans l’amour de la langue française, une langue ainsi devenue maternelle, à nouveau, parce qu’aussi parlée dans l’enfance en Europe centrale, qui, plus tard, lui faisait dire à sa femme, la mère de la petite fille

… C’est moi l’étranger et je parle mieux français que toi !

Elle, qui refusait la multiplicité des langues de sa famille, l’arabe, l’espagnol, mais aspirant de toutes ses forces au français pour se démarquer, pour se prouver, pour prouver sa différence, éborgnant les mots parfois, cette langue qui la faisait rentrer pleinement dans la société française, elle aussi l’enfant d’émigrés, mais depuis plus longtemps que lui dans ce pays. Cette soif de littérature française qu’elle put assouvir à la fin de sa vie. Cette langue française, imposée, s’imposant aux autres, les arabes, ceux qui pouvaient si peu parler leur langue. De ces rapts multiples, ces pertes, l’être cherche sa terre affective, sa terre maternelle, la langue qu’il a choisie d’être maternelle.

 

…………………

Un mot écrit, là-bas, rétablit curieusement l’ordre réel des choses. Il y avait le maintenant, le retour, l’ordre de son histoire et le mouvement d’une rive à l’autre. Mais il y avait aussi le temps. Temps et lieu liés dans le là-bas, temps de l’enfance, lieu de celle-ci, mais distante, lointaine. Désormais, ce temps et ce lieu appartenant au passé, mais vivant, intense et intime. Malima s’est alors rendu compte qu’elle était bien dans la réalité et le temps de son âge, installée dans cette région qui l’avait accueillie, il y a quelques décennies, région qu’elle a appris à aimer. Cette terre, qui faisait face à l’autre, la seconde, celle de l’accueil, source d’émerveillement solaire, devenue aussi intime que la première, non cependant comme celle d’en face, bleu solaire et bleu de mer se confondant dans l’extase et la jouissance de la beauté des origines.

 

Beauté quasi divine, images déterminantes au creux de l’enfance, ineffables, ineffaçables.

 

(A suivre…)

 

Le nouvel aéroport ne pouvait, à l’image de ce que Malima venait d’éprouver, se retrouver dans le souvenir de celui qu’elle avait quitté, il y a si longtemps. De l’ensemble moderne, surprise et ravissement de ce qui apparaissait au sol, et au fur et à mesure que l’avion venant de France descendait, disparaissait l’image ancienne de celui du départ pour la France. Sur le tarmac, des soldats avec des mitraillettes montaient la garde, dans l’attente d’un danger imminent, imaginé. État policier ? État autoritaire ? Menaces de terrorisme ? État qui protège ou qui se protège ? Du hublot, leur allure paraissait fière, mais son cœur se serra.

Cela faisait quelques heures que la petite fille était arrivée à cet aéroport de Maison-Blanche, près d’Alger, après une longue attente dans la file des voitures, sur la route traversant la campagne. Dans le jour qui se levait sur la plaine, la douceur de ce début de juin emplissait la lumière naissante de cette odeur d’herbe encore mouillée par la rosée du matin ; les insectes virevoltaient dans l’air matinal, dans une certaine fraîcheur de la nuit, en attendant la violence du soleil de la matinée qui montait dans un ciel pur et bleu de cette nouvelle journée.

Nouvelle et impensable journée: elle partait en France.
Ils se sont quittés devant l’entrée encombrée de l’aéroport, son père retournait à Alger, elle et sa mère pour le pays où ils allaient si souvent en vacances. Mais ce n’était pas des vacances.

Les instants s‘organisèrent. Sa mère trouva un endroit pour poser les valises et elles restèrent à côté. La petite fille voyait seulement les mouvements des gens, dans un désordre invraisemblable, où chacun travaillait pour avoir une place dans le prochain avion en partance pour là-bas et pour ne pas se laisser abattre par les rumeurs qui, dans de telles circonstances, prennent toutes sortes d’allures, de formes, de couleurs.

……………………

Excédés par ces gens qui fuyaient, excédés par cette guerre qui s’épuisait, perdue d’un côté et gagnée de l’autre, excédés par toutes les exactions, par la mort et le sang, ces militaires ont marqué pour toujours son âme. La petite fille a alors appris dans son corps que tuer et être tué étaient des réalités non seulement possibles, mais certaines. Le lent travail de la guerre, ou plutôt des événements, finissait de graver en elle, comme le sang séché dans les caniveaux de la ville, le lendemain de la fusillade de la rue d’Isly, il n’y avait de cela que deux ou trois mois, l’horreur dans tous ses sens. La violence de cette parole concrétisait l’intuition, insidieuse, qui s’était alors construite en elle depuis des années. Images, paroles, fixées à jamais dans la mémoire de son jeune corps qui percevait la mort, jaillissante dans le monde doux de son enfance algéroise.

Ils s’en retournèrent alors vers les familles et les immondices au milieu desquels ils attendaient de partir. Le soir de ces premiers jours de juin descendait sur l’aéroport, et ces gens, nouveaux émigrés, nouveaux exilés, dans la répétition d’un exil ancestral, mais sans l’espoir du premier, au centre d’une désespérance, s’apprêtaient, comme ils le pouvaient, à dormir sur des bancs ou sur les arrivées en bois pour les bagages.

C’était dur, froid, et cela sentait mauvais.

Puis au deuxième soir, la petite fille et sa mère montèrent dans l’avion.

………………………………..

Ceux que les français appelaient maintenant les Pieds-Noirs, réunis sur cette place près du Vieux-Port, en discussions incessantes, à l’accent reconnaissable, aux visages mélangés d’italiens, d’espagnols, de maltais, aux yeux bleus d’anciens et lointains émigrés, dits alsaciens, dans un sentiment inexplicable et ahuri d’un retour pour les descendants des déportés politiques du début de la conquête, qui avaient oublié depuis longtemps, temps vécu plus intense, plus prégnant, enracinant jusqu’à la quasi disparition, à tout jamais dans ce là-bas perdu, les origines françaises, mais tous rattachés à cette France, obligée de les accueillir-recueillir et que certains, non, beaucoup, ne connaissaient même pas.

Place des palabres.
Place des douleurs.
Place des désespoirs.
Soleil froid.

Qui aurait pu entendre ce que veut dire la perte d’un pays, sur une terre profondément opposée à celle, réelle dans le cœur de ces français d’Algérie. Pour eux maintenant, être français en France revenait à vivre dans la même patrie, sans admettre une réalité, parfois perdue, oubliée, qu’au fond, la patrie de l’intime, c’est la terre où l’on est né. Coupables de penser à ce qui n’était plus admis et partagé. Il ne reste plus que le silence. Surtout ne pas dire, jamais, jamais plus que l’on est de là-bas.

Taire sa terre de naissance.
Dire …je suis d’ailleurs
Dire … à l’étranger…
Dire …99
Ne jamais plus dire être …né en Algérie …. Eviter les regards hostiles, les ricanements, les sous-entendus, les incompréhensions. C’est fini. Un autre temps.
Se taire. Se taire.Là aussi le silence.
…………………………………..

( à suivre)

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La veille du 1er novembre 1954, la petite fille était dans son lit, à chercher le sommeil. Il était déjà tard.

La lumière de la rue dans la chambre. Non, plutôt le salon. La petite fille n’avait pas de chambre à elle. Le salon, la nuit devenait une chambre, vite effacée, tôt le matin. C’était ainsi, depuis toujours. Pourquoi le père devait-il partir dans le Constantinois pour y travailler ? Que s’était-il donc passé ? Rien ne fut dit. Silence là aussi. Tension palpable, mais lointaine, entre son père et sa mère. Il travaillait avec sa mère depuis un certain temps et elle était heureuse, la petite fille, de les voir continûment.

Le bruit des pas de son père passant dans le couloir. Presque pas de lumière dans la maison. Puis le sommeil. Le lendemain, son père absent, seule avec sa mère. Elle ne savait pas que la guerre d’Algérie commençait. Elle le comprit plus tard : le départ de son père et le début de la guerre, au même moment. Pas de liens entre les deux, sauf peut-être une autre forme de guerre, sourde, entre un homme et une femme. Un problème de rivalité, de territoire.

Mais ce fut un soir en particulier, que les événements éclatèrent violemment dans sa vie de petite fille.

La violence du bruit la fit brusquement hurler de peur. Les rafales de mitraillettes éclataient dans la rue. Au pied de leurs fenêtres. Au fond de l’appartement, devant la télévision, rupture. La petite fille continuait de hurler. Sa mère s’approcha d’elle

... Si tu continues à crier, je te donne une gifle. Tais-toi

La peur maintenant à l’intérieur d’elle. Elle s’étale et prend toute la place. Calme extérieur. Tremblements intérieurs. La force de l’ordre contre la force de la peur. L’ordre dans tous les sens du terme. Cela sera ainsi désormais. La peur connue une fois, interdite à jamais. Désormais, elle ne saura plus ce que peur veut dire.

 

L’école devint aussi le lieu de l’écho des fureurs de la lutte des hommes. Les attentats en ville faisaient que les camarades de la petite fille n’étaient pas toutes venues en classe ce matin chaud d’avril, à peine deux ans après le début des événements, et la récréation de la matinée semblait durer plus longtemps que prévue à leur grande joie.

Les fleurs bleues des plumbagos couraient sur la grille de la cour et cachaient le jardin des pères qui s’étendait derrière. Souvent la petite fille traînait dans ces allées interdites aux élèves et parlait avec le jardinier. Toutes ces fleurs lui plaisaient mais plus encore, c’était le goût de l’interdit qui la dominait et lui donnait ce plaisir si vif. Le jardinier, et pourquoi ne serait-il pas un vieux jardinier, avec un chapeau de paille, l’image même du vieux jardinier, celui qui habite les allées imaginaires de certaines enfances, lui montrait les couleurs des pensées, veloutées et sombres, cernées de blanc, au cœur jaune éclatant. Cette enfant venait souvent le voir avant de rentrer à midi chez elle, une récréation solitaire et différente de ses compagnes, qu’elle s’accordait à la sortie de la classe. Ils discutaient ensemble sur les fleurs et il lui faisait découvrir les allées secrètes de ce jardin, réservées aux méditations élevées des religieux, juste à côté de la cour où jouaient ses camarades, en attendant de monter au réfectoire.

Les petites filles, comme l’on était encore enfant à dix ou douze ans, dans ces époques là, non les vives lolitas de maintenant, les petites filles couraient ensemble, jouant aux gendarmes et aux voleurs, jeu si désuet à l’époque des séries américaines, du portable pianoté à tout moment, des consoles de jeux. On avait dû leur faire la leçon avant, car elles entouraient de gentillesses et d’attentions une de leurs camarades. Mais le soleil de ce matin, si lumineux soit-il – lui paraissait sombre, noir. Elle ne savait pas, elle, l’autre, avec qui elles jouaient toutes, mais elles, elles savaient, le terrible secret qu’il leur était difficile de rire mais elles riaient et criaient, une manière de conjurer l’affolement, de rire et de crier en sachant que, elle, ignorait que sa mère était morte dans une explosion, un attentat, dans un café des plus fréquentés de la ville. Une bombe sous une table d’une terrasse d’un café, sous le pied d’une table en fonte, et les femmes, les hommes, quelques enfants venus là, passer un moment tranquille, et qui avaient rencontré leur destin, payant de leur vie l’erreur de leurs ancêtres, colonisateurs d’un pays conquis, payant de leurs vies leurs incapacités à trouver des solutions autres que celle de passer par le désastre de la confrontation, dans la guerre.

Alors, le sang, les corps déchiquetés, la mort.

…On lui a dit seulement que sa mère a été obligée d’aller à l’hôpital et qu’elle n’en rentrerait pas tout de suite …

Au milieu des rires et des jeux, de ce ciel d’un bleu immobile et devenu glacé, plongée dans une douleur effroyable, la petite fille sentait tout son être se figer au cœur même du mouvement.

…Ma mère, pensait-elle, peut, elle aussi mourir comme celle de ma camarade…La mort…

Quelle rencontre dans le soleil éclatant de cette journée de printemps, de cette lumière si pure et de cette tragédie dont ces enfants n’étaient que le chœur impuissant et rieur, entourant leur camarade ! La rencontre de la beauté pure et de la mort insoutenable, dans le soleil, la lumière, et le ciel bleu insondable.

(à suivre)

 

Ghyslaine Schneider

 

 

 

 

 

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