Le Maïdan, dans les villes d’Orient, place du Marché.
A Kiev, après la chute de l’Union soviétique, 1991, place de l’Indépendance.
Près de cette place, l’écrivain Andreï Koukov habite avec sa famille.
Histoire vraie des jours en Ukraine, racontant la vie du jeudi 21 novembre 2013 au jeudi 24 avril 2014.
L’on pourrait penser que les événements politiques qui ont éclaté dramatiquement dans ce pays auraient la force d’arrêter la vie de tous les jours. Changer la manière de la percevoir.
Projeter l’individu dans un temps unique de l’événement qui survient ou qui menace.
Andreï Koukov a arrêté d’écrire le roman qu’il avait en cours pour se consacrer à ce Journal. Cette écriture là, si elle rapporte avec précision les événements du Maïdan et ceux se déroulant dans toute l’Ukraine, avec l’annexion de la Crimée, laisse percer l’ironie critique et mordante du romancier sur la conception des frontières de son grand voisin, sur l’état du pouvoir du pays et de ses administrations, destinées à une gestion juste de la société civile. Mais la force que transporte ce livre, ce sont les remarques sur la vie de ce quotidien soumis aux menaces de guerre et à la partition du territoire. Digne attitude d’un homme au milieu d’une tourmente de l’Histoire.
Temps météorologique, froid de l’automne puis de l’hiver, avec la survenue des beaux jours, dans un printemps qui reste souvent glacial, permettant néanmoins de s’occuper d’un jardin potager avec ses enfants.
Activités culturelles qui recommencent après la révolution sur le Maïdan, les voyages à l’étranger: temps de la littérature, de discussions, de l’amitié, ces temps porteurs de réflexions, d’entraides, d’inquiétudes et parfois de désespérances sur l’avenir.
Temps de la vie de la famille, les anniversaires, l’adolescence de sa fille et les occupations avec ses fils.
Et au centre de tout cela, les événements politiques, les attaques violentes contre les journalistes, la société qui bascule dans une utilisation perverse des événements politiques. Les tués. Les assassinats. La brutalité. Les émeutes. La colère.
Dans ce livre, il y a la vie au sens plein du terme, dans la violence intrusive de l’Histoire, et en même temps, la vie dans sa douceur et sa beauté.
Saisissement de l’émotion dans la dure confrontation de la réalité et de l’intime.
Ghyslaine Schneider